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Fort-Boyard ressuscité

Par Claude Dubillot, Sud Ouest, 14 juillet 1989

Publié le jeudi 23 septembre 2010 par Kévin TOLBIAC dans la rubrique Revue de presse avant 1990.

        

A coup de pelles et de pioches, et surtout de balai, le vieux fort reprend vie

Ils étaient une bonne centaine à prendre à l’abordage le vieux vaisseau de pierre, l’autre jour. Pirates pacifiques… peut être qui ont fait pourtant fuir devant leurs piaillements les derniers courageux goélands restés fidèles aux meurtrières, derniers rescapés d’un équipage qui fut seul pendant des lustres à guetter l’œil au large, l’apparition de l’Anglois… Seul un dernier bébé n’est pas encore capable de voler a accueilli les envahisseurs du haut de sa chambrée, en leur dédiant tous les noms d’oiseaux qu’il avait appris dans sa courte vie…

L’AVENTURE

Mais ces conseillers généraux en jeans, cravate au placard et tennis aux pieds, n’en ont pas moins véritablement vécu une véritable aventure, qui prélude à celle des jeux télévisés que le fort abritera dans un avenir proche. Il a fallu recourir à des expédients pas simples, pour débarquer les passagers de l’ « Ilienne » sur la plateforme pétrolière, antichambre du fort lui-même. Tout ce monde suspendu à un appareil étrange, composé de filets et de bouées, s’est envolé, suspendu à une grue depuis le pond du navire jusqu’à la passerelle. Premier frisson d’une étonnante visite, rendu simplement nécessaire parce que fort Boyard n’est pas facile d’accès : le ressac écraserait vite les bateaux imprudents.

SURPRISES

Ce frisson n’a plus quitté les visiteurs jusqu’à leur départ, deux heures plus tard. Chaque détour de couloir, dans le fort, réserve sa surprise : l’herbe étonnamment verte, d’abord, qui pousse dans la cour sur son lit de guano ; l’appareil architectural, écrasant, d’une perfection étonnante reposant sur le lit de pierres amené là par des flottes entières de navires ; les restes d’une occupation militaire, débris de canons et d’affûts, vestiges de chambres d’officiers, escaliers de caserne ; les souvenirs d’un vaisseau de guerre planté dans l’eau de la rade des Basques : poudrière en labyrinthe pour éviter les explosions en chaîne, soutes à eau et à vivres, véritables cales en sous-sol.

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Une plate-forme pétrolière comme embarcadère : le fort est ainsi un peu plus accessible, même si la beauté de la vue en souffre. Cela n’empêche pas que son accès reste aventureux, lorsqu’une foule d’oiseaux inhabituels vient se pencher sur les murailles

Le fort Boyard attaque la mer de son étrave depuis 150 ans. Pas de figure de proue sauf un gros caillou où il s’est ancré, reste d’une ancienne digue. Et il l’attaque vainement : citadelle inutile née trop tard dans l’art de la guerre, le fort n’a guère servi que d’escale à des prisonniers dont le plus célèbre reste Henri Rochefort, balloté depuis le XIXe siècle entre ses différents destins de pénitencier, de caserne ou de propriété privée à l’abandon. Lorsque Jacques Antoine et sa société Tilt l’ont repris en main, pour lui offrir un nouveau rôle : celui de château dont les chambres avant de livrer le trésor, réservent aux amateurs de jeux de rôles des surprises inquiétantes parfois… Les écrans du monde devraient porter loin l’image de ce château étrange et dangereux. Ce fort de légende dont le Conseil général a entrepris la réfection pour qu’il porte loin l’image du département. Au-delà du vol habituel de deux petites mouettes.


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