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Interview d’Olivier MINNE

« Fort Boyard n’est pas un programme jeunesse ! »

Publié le mardi 1er novembre 2011 par Aurélien LECACHEUR - Directeur de la publication, Guillaume COMONT - Rédacteur en chef dans la rubrique Interviews 2011.

        

À l’issue de neuf saisons passées à la barre de Fort Boyard et avant d’entamer et fêter sa dixième saison en 2012, Olivier a accepté de répondre en exclusivité à toutes les questions de Fort Bavard. Il nous dit tout, sans détour et avec la franchise qui le caractérise. Une interview dressant le bilan de près d’une décennie d’animation au sein de la Forteresse la plus célèbre de France.

« France 2 et Adventure Line ne me voulaient pas à Fort Boyard ! »

Fort Bavard : Votre aventure sur le Fort commence en 2003, l’émission est alors en perte de vitesse, mal jugée par la presse suite à une saison 2002 calamiteuse… Comment s’est passée votre arrivée dans ce contexte ?

Olivier Minne : Le mieux du monde. Je ne savais pas que Fort Boyard piquait du nez. Je ne vivais plus en France à ce moment-là. Je ne faisais plus de télé, je n’avais plus de travail, France 2 m’ayant écarté de l’antenne pour la 2e fois en 2002 (la première étant en 1998). En janvier 2003, je suis revenu avec le jeu La Cible (diffusé vers midi jusqu’en août 2006 sur France 2 NDLR).

Et comme le jeu fonctionnait très bien, Yves Bigot, directeur des variétés, jeux et divertissements à cette époque-là m’a appelé pour me proposer de présenter Fort Boyard. J’ai demandé quelques jours de réflexion. Au départ, pour être honnête, je ne voulais pas. L’émission avait toujours été incarnée par des quinquagénaires. Je venais de fêter mes 35 ans.

Je pensais donc que les fans du programme et plus généralement les téléspectateurs allaient rejeter cette idée en bloc. J’avais déjà vécu le rejet très violent des fans d’une émission, avec Pyramide, deux ans plus tôt. Je ne voulais pas redonner là-dedans. Mais Bigot a insisté. Et il a réussi à me convaincre.

L’ambiance de préparation puis du tournage a été formidable. Avec François-Xavier Arguillères, Pierre Godde et Yann Le Gac aux commandes de la production nous en avons versé des gouttes de sueur, mais qu’est-ce qu’on s’est marré ! C’était de plus une occasion rêvée à laquelle je n’avais pas songée, de retravailler avec des gens que j’avais connus dans ma première vie télé. Que ce soit dans Les Mondes Fantastiques il y a 20 ans ou dans Mission Pirattak.

Pendant ces nombreuses semaines de préparation puis de tournage, je me suis concentré sur le rôle que j’allais devoir tenir et sur le ton général de mon animation. J’ai d’emblée fait l’impasse sur le fait qu’Adventure Line Productions (la société qui produit le jeu pour France 2 NDLR) ne me voulait pas à la présentation de ce programme, tout comme la direction de France 2. Contre vents et marées Yves Bigot était le seul à croire en mon potentiel. Si seulement il pouvait être à nouveau dans le même état d’esprit aujourd’hui ! (Rires.) Bref, il faut bien le dire, à l’époque sa conviction a été plus forte que tout.

« Hôte du Fort ? C’était une bidouille ! »

Fort Bavard : Votre rôle n’a cessé d’évoluer depuis votre arrivée dans le jeu. D’hôte en 2003-2004, vous avez endossé l’habit de Maître du Fort entre 2005 et 2009 puis celui de Maître de cérémonie en 2010 avant de retrouver celui d’hôte cette saison. Quel rôle préférez-vous ?

Olivier Minne : « Hôte » était une bidouille. Dès 2003, je donnais déjà le nom de ceux qui devaient participer aux épreuves, je gérais le Conseil… en fait j’ai été le « Maître du Fort » dès le début. Mais pour ne pas choquer les gens et surtout les fans, nous avons convenu d’un commun accord avec la production qu’il était plus approprié, vu mon jeune âge, de ne pas me présenter comme le « Maître ».

Ensuite, nous n’avons jamais déclaré formellement que mon rôle changeait. C’est la presse qui soudainement après la deuxième année m’a qualifié de « Maître ». Ce changement de rôle a donc été perçu par mes confrères de la presse écrite bien avant que nous jugions utile, nous, de le déclarer officiellement…

Pour revenir à votre question, je me suis senti à l’aise dans toutes les « couleurs » de l’animation de cette émission à une exception près, le rôle très artificiel que j’ai eu à endosser en 2010. J’avais accepté de jouer le jeu, car la pression était très forte sur la production à ce moment-là. Et que s’il fallait tenter une nouvelle mouture du jeu il fallait bien en ce cas que j’accepte le deal.

Très vite, nous avons tous senti qu’il s’agissait d’une impasse. Mais je dois avouer préférer de beaucoup mon rôle d’aujourd’hui qui me permet d’être plus proche des candidats et d’être plus en connivence avec eux. Ce qui ne m’empêche pas de les recadrer s’ils se dispersent ou manquent d’énergie. Avoir la possibilité de déconner avec eux sans chercher à chaque fois à garder une posture d’autorité qui risquerait, à la longue, d’être artificielle, me va très bien.

« La version 2010 est à oublier ! »

Fort Bavard : Jusqu’en 2008 l’audimat a été bon, en 2009 malgré la bonne audience de l’émission avec le couple Parker/Longoria on sent bien un nouvel essoufflement. En 2010 c’est le coup de grâce. Malgré une formule renouant avec des candidats « anonymes » l’audience s’effondre. Comment avez-vous vécu cette période ?

Olivier Minne : Il y a eu beaucoup de déception avec la saison 2010. De la part des téléspectateurs, certes, mais aussi de notre part. L’effondrement du programme, je l’ai vécu assez sereinement malgré tout. Parce qu’après 22 ans de carrière, j’en ai vécu des succès et des échecs, et que relativiser est la première chose à faire pour pouvoir mieux analyser ce qui s’est passé.

Fort Bavard : Avec le recul, comment expliquez-vous l’échec de la version duel de 2010, et à l’inverse le succès d’audience de la nouvelle version de cette année ?

Olivier Minne : Je faisais partie de ceux qui pensaient qu’il était bon de revenir à des « candidats téléspectateurs ». Énormément de courriers nous parvenaient ces dernières années pour nous demander de pouvoir participer à l’émission. Avec le producteur et la chaine, cette idée avait maturé. D’autant que les audiences de 2009 avaient déjà marqué une légère érosion. C’était une façon de relancer le Fort en revenant à ce qu’il avait été les premières années.

Ce qui n’a pas fonctionné c’est le parti pris de vouloir durcir le ton général de l’émission. Et d’en faire une émission d’aventure sur un canevas actuel. Mon rôle a été compliqué dans cette mouture. Je n’avais plus le droit de parler avec les candidats pendant les pauses. Je devais adopter un ton plutôt sec et n’incarner que l’autorité. De plus, je devais vouvoyer les candidats alors que j’avais instauré lors de mon arrivée dans le programme le tutoiement.

Ma demande n’était pas anodine à l’époque. À 35 ans, je trouvais bizarre de vouvoyer des candidats qui, pour la plupart, étaient plus jeunes que moi et surtout qui pour la majorité d’entre eux étaient des potes. De plus, un peu comme sous la Convention, le tutoiement permet de marquer le fait que sur le Fort nous sommes tous égaux. Il n’y a pas de « grandes vedettes/petites vedettes ». Que des hommes et des femmes venus sur le Fort pour se battre et ramener un maximum de boyards pour l’association qu’ils défendent.

Et cette règle s’est appliquée à tout le monde. Même la princesse Stéphanie de Monaco s’est prêtée de bonne grâce au jeu, après que je lui ai bien spécifié qu’il ne s’agissait pas pour moi d’être discourtois ou de manquer de respect à son titre et à son rang. Cette dialectique égalitaire j’y tiens toujours beaucoup. Bref, tous ces éléments ajoutés au fait que le duel des deux équipes a cassé l’esprit du Fort en impliquant une idée de compétition entre candidats là où il n’y a jamais eu que solidarité et entraide les années précédentes ont achevé de déplaire au plus grand nombre.

Fort Boyard est un concept redoutable d’efficacité, mais sa force est tout aussi fragile. Son point d’équilibre se joue à peu de choses. Et l’un de ses fondamentaux c’est que l’équipe qui débarque doit se battre contre le Fort. Et contre personne d’autre ! Je dirais pour finir que la version 2010 est à oublier. Nous avions fait fausse route. Mais qui ne tente rien n’a rien…

« Fort Boyard n’est pas un programme jeunesse ! »

Fort Bavard : En ce qui concerne la saison 2011, qu’avez-vous aimé dans les nouveautés présentées ?

Olivier Minne : Beaucoup de choses. Tout d’abord le fait que nous soyons revenus aux fondamentaux. Une équipe, une atmosphère conviviale, des épreuves ludiques, drôles ou physiquement rudes et le retour des personnages du Fort comme éléments essentiels de la narration. Fort Boyard affiche clairement le fait d’être une émission familiale, entre aventure et divertissement, où le mystère, l’enchantement, le côté « Conte de Perrault » ont toute leur place. Revendiquer cette identité était impératif pour voir si les téléspectateurs adhèreraient encore au jeu.

Fort Boyard ça se regarde avec plusieurs niveaux de lecture. Ceux qui pensent que c’est un programme pour les enfants se méprennent. Il n’en a jamais été question. Que les enfants s’en soient emparés et que les enfants de ces enfants aujourd’hui suivent encore le programme est une grande chance.

Mais je refuserai toujours de présenter cette émission comme un programme jeunesse. Car il n’en est pas un. Je reste vigilant tant que faire se peut sur les mots que j’emploie. Parce que nous sommes en prime time. Mais si des M… ou des P… sortent de la bouche des candidats, que voulez-vous que j’y fasse ? C’est regrettable pour les petits qui nous regardent. C’est toujours moins grave que ce que la télévision, parfois, et internet, souvent, peuvent leur servir le reste de l’année !

C’est donc l’ensemble de la réflexion et des changements de cette année que j’apprécie. Le fait d’être parti sur un relookage de certaines cellules en thématisant des univers me paraît être une très belle idée. Cela participe au mystère que j’évoquais tout à l’heure. Le décor des portes de certaines cellules dévoile maintenant une promesse. Et casse la monotonie.

Les nouveaux personnages ont trouvé leur place. Même si le rôle de la Juge Blanche mériterait d’être plus précis dans la nouvelle saison qui s’offre à nous. Sinon, je trouve judicieux d’avoir mélangé les épreuves et les aventures. Cela crée beaucoup plus de diversité d’actions. Et pour finir, la fluidité générale de la structure du programme rend l’ensemble beaucoup plus clair.

« Désolé pour les internautes qui veulent que je parte ! »

Fort Bavard : Parlons de vous maintenant Olivier, une majorité nette d’internautes souhaite votre maintien à l’animation du jeu l’année prochaine. Pourtant on ne peut pas dire qu’à France 2 ça se bouscule pour vous proposer des émissions. Malgré tout avez-vous envie de continuer l’aventure Fort Boyard en 2012 ?

Olivier Minne : Je ne peux que dire oui. Mais encore une fois, je ne suis pas celui qui a la main sur ces choses là. Cela dit, Claude-Yves Robin, le précédent directeur général de France 2 m’avait appelé à la fin de l’été pour me confirmer que le jeu était reconduit et qu’il aimerait avec Perrine Fontaine et Nathalie André que j’en sois toujours l’animateur. Je suis donc désolé pour tous les internautes qui désiraient que je m’en aille…

Fort Bavard : N’avez-vous pas peur que l’étiquette « Fort Boyard » vous colle à la peau et qu’on ne vous voie plus ailleurs que là ?

Olivier Minne : Mais depuis bientôt 4 ans, on ne me voit plus ailleurs que là en tant qu’animateur ! Ça, c’est déjà fait ! Alors que redouter de plus ? Quant aux étiquettes, elles sont faites pour être arrachées et jetées à la poubelle. Quand je présentais Matin Bonheur, le magazine du matin sur France 2, on me posait déjà la question.

Fort Boyard aura fait partie d’une de mes plus grandes expériences de télévision. Avec la saison 2012, j’en serai à ma dixième saison, sans ressentir la moindre lassitude. C’est l’émission à ce jour que j’ai présentée le plus longtemps. Et depuis 9 ans, elle ne m’a pas empêché de faire plein d’autres choses. Rien que cette année, pour être franc, le Fort m’a pris cinq jours d’enregistrement, alors qu’en tant que comédien j’ai tourné plus de 80 jours… Donc vous voyez, une étiquette en chasse toujours une autre avec le temps.

Fort Bavard : Si on devait chercher la petite bête, certains fans trouvent que vous êtes parfois un peu distant avec les candidats cette saison. N’est-ce pas compliqué d’avoir à la fois le rôle de maître de cérémonie et à la fois celui que tenait jusqu’en 2009 la coanimatrice du jeu qui était un peu la septième membre de l’équipe ?

C’est bien la première fois que j’entends que je suis distant avec les candidats. Je reçois plus de messages me reprochant trop de complicité et de rires avec eux. Comme quoi l’avis des uns n’est pas celui des autres. À écouter tout le monde, c’est toujours trop ou trop peu. Comme je l’ai dit plus tôt, si j’ai pris plaisir à présenter cette saison c’est justement parce que je pouvais plus que jamais être spontané et proche des candidats. Si certains n’y ont vu que distance et froideur, je n’y peux rien… qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ! N’en déplaise à ces esprits chagrins, je resterai sur cette ligne d’animation pour la saison 2012.

Pour ce qui est de remplir les deux rôles, ce n’est pas compliqué parce que je n’ai plus à être le Maître, censeur et autoritaire. Je ne préside aucune cérémonie. Je ne fais qu’animer un programme joyeux où on s’amuse à se faire peur et à repousser ses limites. Ce qui ne veut pas dire que je ne regrette pas l’absence de coanimatrice.

« Je crois savoir que l’idée est de rester à une animation solo »

Fort Bavard : Anne-Gaëlle Riccio est revenue sur le Fort animer deux émissions non diffusées, dans le cadre d’un concours organisé par Prince de LU, le sponsor 2011 de l’émission. Est-ce un signe de son retour prochain sur le Fort ?

Olivier Minne : Anne-Gaëlle a en effet présenté deux émissions « kids » avec les gagnants d’un jeu-concours organisé par Prince de LU. On m’avait proposé de revenir sur le Fort pour animer ces deux émissions qui dès le départ étaient prévues pour n’être qu’enregistrées pour les enfants et leur famille. Mais mon emploi du temps en juillet ne me permettait pas de revenir en Charente. J’ai proposé qu’Anne-Gaëlle -dont je suis très proche- me remplace, ne sachant pas si elle accepterait. Ce fut oui et j’en suis ravi. Je sais que l’équipe technique du Fort l’attendait avec joie. On ne peut pas ne pas aimer cette fille. Est-ce que cela présage d’un retour dans l’émission ? Je n’en sais rien.

J’adorerais animer à nouveau quelque chose avec elle. Que ce soit sur le Fort ou ailleurs. Nous avons créé un duo assez décapant en un temps passé sur TF6. Notre idée à tous les deux est de réfléchir à recréer ce duo dans le cadre d’un programme court. On va s’y atteler dans les semaines qui viennent. Pour ce qui est de Boyard, je crois savoir que l’idée est de rester sur une animation solo. Mais avec la télévision, on ne sait jamais !

Fort Bavard : Vous êtes seul à la barre depuis deux saisons maintenant. Pourtant, l’animation en duo était une tradition boyardesque depuis la création du jeu en 1990. 70 % des internautes sont favorables à un retour de la coanimation. Et vous ?

Olivier Minne : Une tradition qui n’était pas prévue dans la Bible de départ du jeu ! C’est parce que Patrice Laffont avait de la peine à courir de manière sportive (il le reconnaît lui-même) que la production lui a accolé une coanimatrice qui aurait en charge de rester avec les candidats tout au long du jeu… et donc de courir avec eux pendant que l’animateur prend place devant l’épreuve suivante. Ce qui n’empêche, en effet, qu’avec le temps, c’était devenu une tradition.

De mon côté, je trouve très agréable de partager l’affiche avec une jolie fille. Et avec Anne-Gaëlle, de plus, c’est une très grande complicité qui nous unit. Dans le Fort cette complicité ne s’est pas toujours fait sentir à sa juste valeur, car nos rôles compliquaient le fait d’en jouer pleinement.

Je serais très heureux de l’avoir à nouveau à mes côtés, sur le caillou ou ailleurs. Voilà tout ce que je peux dire.

« Des secrets de tournage ? Je trouve qu’on en dit trop ! »

Fort Bavard : Quels souvenirs gardez-vous de vos deux coanimatrices, Sarah Lelouch (2003-2005) et Anne-Gaëlle Riccio (2006-2009) ?

Olivier Minne : J’ai la chance d’avoir presque toujours vu naître de belles amitiés avec les jeunes femmes que l’on m’a demandé d’avoir auprès de moi. J’ai de plus souvent été leur premier parrain de télévision. Ce fut le cas entre autres pour Sarah Lelouch et pour Virginie Guilhaume. Je garde donc un excellent souvenir de Sarah et Anne-Gaëlle. Très différentes toutes les deux.

Avec Sarah, on a essuyé les plâtres. De plus pour elle c’était le plongeon dans le grand bain du prime time. Elle s’y est jetée avec beaucoup de courage et de réussite. On s’est plu immédiatement. Une grande chance quand on a à présenter une émission. D’ailleurs cette amitié perdure. Nous nous voyons régulièrement et avec beaucoup de plaisir. Bref, avec elle, nous n’avons jamais eu à composer.

Et cette magie s’est renouvelée avec Anne-Gaëlle, même si une fois de plus, on ne compare pas des relations fonctionnant sur des modes très différents. Et puis avec elle comme avec l’autre, nous avons beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP ri ! et ce n’est pas fini. Ces filles me font rire et je crois que moi aussi. Jamais rien dans nos relations n’a été altéré. Et personne n’a jamais réussi à infiltrer ou à écorner notre amitié.

J’ai de la tendresse pour elles deux et énormément d’affection. Je crois qu’elles me le rendent bien.

Fort Bavard : Auriez-vous un petit secret du tournage de l’émission à dévoiler pour nos internautes ?

Olivier Minne : Un secret dévoilé n’en est plus un. Je sais que sur votre site beaucoup de choses ont été données. Avec les anniversaires des dix puis des quinze et enfin des vingt ans, d’autres secrets ont été livrés. Je trouve qu’on en a dit un peu trop. Quand le programme sera arrêté et si je suis toujours en vie, je vous donnerai alors tous les secrets qui n’ont pas encore été révélés.

« Les nuits sur le Fort m’ont offert un spectacle inoubliable ! »

Fort Bavard : Vous connaissez le Fort dans ses moindres recoins, vous avez dormi sur le Fort plusieurs saisons, vous avez rencontré des dizaines de candidats... Quel est votre meilleur souvenir ?

Olivier Minne : Il y en a trop en bientôt dix ans. C’est la question que les journalistes me posent souvent, car il faut bien l’avouer, j’y réponds rarement ! (Sourire.) Il y a des souvenirs seul, quand la nuit je montais sur la terrasse, regarder le ciel étoilé. Entendre les vagues s’écraser mollement sur les rochers qui bordent le Fort tout en observant la Voie lactée allongé sur le haut d’un monument historique perdu en pleine mer… voilà un spectacle que peu de gens peuvent s’enorgueillir d’avoir vécu. Moi qui suis très sensible aux lieux, aux ambiances, aux atmosphères des sites chargés d’histoires et d’Histoire, j’ai toujours été très à l’aise sur le Fort de nuit.

Le lieu n’est pas hostile. Plutôt magique. Et ces moments entre ciel et mer, je ne suis pas prêt de les oublier. Ils sont à moi. Je n’en dirai donc pas davantage.

Fort Bavard : Et le pire ?

Aucun, honnêtement, aucun. Des moments de grande fatigue pendant le tournage, oui, bien sûr, des moments où le corps est à deux doigts de lâcher, oui, certainement. Mais l’aide et le soutien constant de mes amis techniciens sur le Fort a toujours été plus fort que la douleur ou l’abattement.

C’est aussi une grande chance d’être entouré par tant de bienveillance par son équipe technique. Je parle souvent d’eux comme d’une garnison que je suis heureux de retrouver. « Mes hommes » comme je les appelle sont des gars de très grande qualité. Certains sont de fortes têtes, mais tous sont généreux et bons. De quoi devrais-je donc me plaindre ?

Fort Bavard : Parmi les épreuves, laquelle avez-vous préféré faire ? Et laquelle vous a le plus étonné ?

Elle est ancienne, mais c’est la catapulte bien sûr ! Celle qui m’a le plus étonné reste Excalibur. Car ce n’est pas le tranchant de l’épée qui rompt la corde, mais le poids du glaive associé à la force de frappe du candidat qui a raison du cordage. Et manipuler l’engin de plus de 25 kilogrammes quand on a déjà couru et participé à d’autres épreuves reste pour moi un grand moment de résistance et de force incarnée. Et donc d’admiration pour tous ceux qui s’y collent !

Fort Bavard : Quel est votre endroit préféré dans le Fort ?

Olivier Minne : La terrasse !

Fort Bavard : Si vous étiez un personnage du Fort, lequel seriez-vous ?

Olivier Minne : Celui qui n’existe pas encore !

« Cendrine Dominguez a définitivement tourné la page »

Fort Bavard : Il y a des épisodes de Fort Boyard qui sont mythiques pour les fans, notamment lorsque d’anciens animateurs participent. Tous quasiment se sont prêtés au jeu sauf notamment Cendrine Dominguez, craignant avoir à affronter les serpents. Ne serait-il pas possible de lui jurer qu’elle n’en croisera pas un pour qu’enfin ses admirateurs puissent la voir affronter les épreuves ?

Dans le Fort nous ne contraignons personne à faire quelque chose si sa phobie est telle que le moment à vivre sera douloureux. J’en atteste. Pour ce qui est de Cendrine que je connais bien même si nous nous voyons peu et qui est quelqu’un que j’aime beaucoup (j’ai animé mon premier prime time avec elle il y a près de 20 ans, une émission produite par Line Renaud), je peux vous dire que la version des serpents ne tient donc pas. Si ce n’est que cela le problème, on retirerait les serpents.

Non, si Cendrine n’est jamais revenue c’est parce qu’à mon sens, la page Boyard est tournée pour cette femme. Et qu’elle n’a aucune envie d’y remettre les pieds. Ce que je peux très bien comprendre. Je l’ai regretté pour les 20 ans, mais je la comprends. Moi-même, je ne garantis pas qu’une fois, soit qu’on m’aura viré, soit que j’aurai pris la décision d’arrêter de présenter ce programme, j’aurai forcément envie de revenir sur le Fort.

Pour moi, ce lieu aura été chargé de beaucoup de souvenirs, de moments d’échanges… Or les lieux de souvenirs, chez moi, créent des mélancolies très fortes et dont mes nostalgies n’ont pas forcément besoin pour le moment.

Fort Bavard : Et d’ailleurs, pourquoi pas une grande équipe composée de tous les anciens animateurs du jeu, de Marie Talon à Jean-Pierre Castaldi en passant par Sarah Lelouch ?

Il y aura donc toujours le problème de Cendrine. Quant à Marie Talon, pour les 20 ans c’est moi qui ai demandé à ce qu’on l’appelle pour qu’elle nous rejoigne. Elle a décliné la proposition. Et elle aussi je la comprends. Elle a été virée comme une malpropre à l’époque. Pour elle aussi c’est de l’histoire ancienne.

Je sais qu’en disant tout cela sur Cendrine et Marie j’attriste sans doute beaucoup de fans de la première heure. Mais je crois vraiment ne pas être loin de la vérité. Alors pour ce qui est d’une grande équipe… peut-être pour les 30 ans ! mais dans quel état serons-nous…

Fort Bavard : Nous ne pouvons pas participer au jeu, mais que diriez-vous de permettre à des fans de tester les nouvelles épreuves en 2012 ? Nous donneriez-vous un coup de pouce ?

Olivier Minne : Je ne peux que vous encourager à harceler en ce cas la production. Ma voix ne comptera pas pour grand-chose, car les testeurs doivent répondre à un certain nombre de critères. Mais si les fans en questions y répondent, cet obstacle-là serait déjà levé ! Je vous soutiendrai.

« Toujours plus haut : c’était mon qualificatif chez les Scouts ! »

Fort Bavard : Si demain on vous demande de re-signer pour neuf ans sur le Fort, que dîtes-vous ?

Olivier Minne : On ne m’a pas demandé de signer au départ pour 9 ans. Et chaque année, il est bien spécifié qu’en aucune manière le présent contrat implique qu’Adventure Line Productions ne me demande de présenter l’émission de l’année suivante. C’est vous dire comme contractuellement on tient à moi ! (Rires.) Cela dit, la production elle-même aujourd’hui ne signe plus des contrats de 3 ans. Alors pourquoi s’engagerait-elle vis-à-vis de moi ?

Fort Bavard : Le tournage de Fort Boyard dure en réalité une petite semaine par an. À quoi ressemble la vie d’Olivier Minne les 51 autres semaines ?

Olivier Minne : Cette année, j’ai tourné plus de 80 jours à Bruxelles pour une série franco-belge À tort ou à raison de 6 épisodes dont je partage l’affiche avec Marianne Basler, Alexandra Vandernoot et Bernard Yerlès. Ils seront diffusés sur France 3 l’année prochaine. Avec ma société française de production, je travaille à différents projets. Certains pour la France, d’autres pour l’étranger. Olivier productions travaille sur des programmes télévisés, mais aussi sur de la production de musique et de chansons ainsi que des spectacles vivants. Un album de musique et de chansons décalées, Mademoiselle Maya en Ut Intégral sorti chez Universal l’année dernière continue de vivre sa jolie vie à travers un spectacle qui a été donné sur Paris au mois d’août et qui reprendra normalement début 2012. Je finis la production d’un autre album de variétés françaises magnifique, qui sera proposé sous peu. Et je démarche une autre artiste, chanteuse de Jazz magnifique, que j’aimerais enfin voir sur scène et signer son album.

Les projets télés demandent pas mal de temps à être mis au point, d’autant que ma structure n’est adossée à aucun grand groupe. Elle doit donc se battre avec des armes très inégales. Mais je ne me laisse pas impressionner par tout cela. Sinon en tant qu’auteur/réalisateur je travaille toujours sur deux docs : l’un sur l’histoire des speakerines depuis 1936. Un doc décalé où les nouvelles générations se marreront autant que leurs aînés des images que j’ai retrouvées et qui sont SURRÉALISTES pour la plupart d’entre elles.

Et puis un autre documentaire qui me tient très à coeur, celui que j’écris depuis un an sur l’acteur Louis Jourdan, la dernière légende française d’Hollywood. Nous nous voyons plusieurs fois par semaine, à Los Angeles où il réside, et au-delà de la qualité de nos échanges, la relation qui s’est établie entre nous deux est tout simplement bouleversante pour moi. Dire qu’au départ il ne voulait entendre parler de rien, tant l’idée même qu’on s’intéresse à lui lui paraissait sans intérêt. J’écris en parallèle un livre sur sa vie qui sera basé essentiellement sur les photos que Louis met à ma disposition.

Enfin, Olivier Productions se lance dans la coproduction de plusieurs fictions. Dont une, Interdits d’enfants, qui se tourne en octobre de cette année, écrite et réalisée par Jacques Renard. De plus c’est ma société américaine qui s’est chargée de tous les repérages des images qui ont été tournées pour les besoins de ce film en Californie.

Fort Bavard : Quels sont vos projets ?

Olivier Minne : Continuer tout ce que je viens d’énumérer, tourner comme comédien dans un unitaire avec Line Renaud pendant un mois, d’octobre à novembre puis repartir un peu aux US pour continuer l’écriture de mon doc et préparer d’autres repérages et/ou tournages de films ou émissions pour des sociétés de production belges, suisses et bien sûr françaises !

En tant qu’animateur je vais animer une série de 6 prime times pour Gulli qui seront diffusés au premier semestre 2012, sans oublier d’autres projets comme animateur avec France 2, mais dont je vous parlerai plus en détail dans les semaines à venir. [NDLR : il s’agit de l’émission Dans les coulisses du show, produite par Sébastien Cauet et qui sera à l’antenne en novembre.]

Fort Bavard : Olivier Minne merci infiniment d’avoir répondu à nos questions, je vous laisse le mot de la fin…

Olivier Minne : Toujours plus haut ! C’est le qualificatif qu’on m’a donné lors de mon baptême chez les scouts. Si je le crie à la fin de l’émission, ce n’est donc pas pour rien ! ces paroles sont chargées d’histoires pour moi ! Toujours essayer de viser un cran au-dessus, afin d’éviter de se contenter du médiocre et surtout, afin d’éviter de laisser tomber ! Ce que j’avais tendance à faire souvent petit garçon.

J’ai demandé à la production d’accepter que je crie cette phrase en fin d’émission à nouveau. L’année dernière dans la nouvelle formule, il m’avait demandé d’arrêter de la dire. Il est, pour moi, important aussi de formuler par le cri des idéaux à la fois physiques et moraux. Le fait que les jeunes s’en soient emparés n’est pas anecdotique. Et maintenant, vous savez aussi ce que cette phrase recèle de personnel.

Merci Olivier Minne d’avoir été l’invité de Fort Bavard. À très bientôt. La rédaction vous adresse tous ses voeux de réussite pour vos projets. Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort !


Interview réalisée par Aurélien LECACHEUR et Guillaume COMONT. Merci à
Olivier Minne d’avoir accepté de se prêter au jeu et de nous avoir accordé un peu de son temps.

Photos : © France Télévisions / Gilles Scarella

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