Mise en page 1

Sondages 2010 : la nouvelle formule massivement rejetée

Unanimement, les téléspectateurs n’ont pas apprécié cette nouvelle formule et l’ont fait savoir…

Publié le mercredi 18 août 2010 par Guillaume COMONT - Rédacteur en chef dans la rubrique Audiences 2010.

        

Cette année, le moins que l’on puisse dire, c’est que la version 2010 de Fort Boyard n’a pas fait mouche. Avec des résultats revus cette année encore à la baisse, l’avenir de l’émission se trouve compromis sur France 2.

Depuis le 5 juillet dernier, nous vous proposons des sondages mettant en confrontation directe un élément de la nouvelle formule contre un élément de l’ancienne formule. Le but ? Déterminer tout simplement ce qui cette année vous a plu dans la nouvelle formule ou au contraire ce qui vous a rebuté.

Au terme de 6 semaines de sondages, nous pouvons vous présenter un avis global en faisant la moyenne de tous les sondages.

Plutôt que de développer cela par des mots, Fort Bavard vous a concocté un savant graphique qui devrait être plus parlant. À la suite de ce graphique, nous vous proposons une analyse en détail de ces résultats… sans appel ! Cette « étude statistiques » a également été adressée à la production du jeu avec les analyses qui suivent.

En rouge, on retrouve les pourcentages favorables à la nouvelle version et en bleu, les résultats favorables à l’ancienne formule. Le résultat se passe de commentaire. En moyenne, sur nos six sondages, seuls 25 % des votants apprécient les modifications apportées par cette nouvelle formule. À l’inverse, 73 % des participants préféraient l’ancienne version du jeu. Globalement, on ne peut qu’en déduire que cette formule n’a visiblement pas convaincu. Alors que le but était cette année de regagner des téléspectateurs, notamment sur la cible des ménagères, l’effet produit est inverse. Malgré une concurrence absolument pas redoutable (hormis le match pour la troisième place de la Coupe du Monde diffusé face au premier numéro de la saison, le 10 juillet), le Fort n’est parvenu qu’une seule fois à se hisser au-dessus de la barre des 3 millions de téléspectateurs alors qu’il s’agit pourtant de la moyenne réalisée par le jeu en 2009.

Mais voyons plus en détail les résultats des sondages.

Le premier concernait Passe-Temps. La polémique sur son remerciement n’a pas été à l’avantage de l’émission. Certes, la presse s’est approprié cette affaire, mais l’image du Fort s’en est vue écornée, puisque beaucoup de téléspectateurs ont pu trouver consternant qu’on se sépare d’un personnage historique présent depuis 20 saisons sur le Fort. À l’heure de la crise économique, des restrictions budgétaires et du chômage, il n’est pas à exclure que ce renvoi n’ait pas plu aux téléspectateurs dans ce contexte socio-économique difficile. 85 % des votants ont regretté l’absence de Passe-Temps cette saison.

Notre deuxième sondage ciblait encore davantage la nouvelle version en elle-même. Les internautes devaient indiquer s’ils préféraient suivre une seule équipe dans le Fort ou plusieurs au cours d’une soirée. Le résultat est, là encore, on ne peut plus net : 70 % des votes sont allés à l’équipe unique. Pourquoi cela ? Difficile de le savoir avec précision. On peut éventuellement penser que les téléspectateurs se sont sentis un peu perdus dans le trop grand nombre d’équipes cette saison et dans un tournoi dont ils ne pouvaient réellement maîtriser les rouages qu’en regardant tous les numéros. Peut-être aurait-il fallu ne faire qu’une seule et même confrontation entre deux équipes lors d’un épisode et non deux ? Cela aurait permis d’ailleurs de conserver un schéma plus traditionnel en gardant la séparation historique entre les épreuves et les aventures. La rupture avec 2009 aurait été ainsi moins brutale et aurait eu le mérite de moins désorienter les téléspectateurs fidèles au jeu.

Le troisième sondage est particulièrement intéressant, car il est très partagé. Même si la majorité des votants (45 %) préfèrent voir des anonymes sur le Fort, 40 % se sont prononcés en faveur des personnalités et 15 % aiment autant voir les uns que les autres. Cela signifie que pour contenter tout le monde (et là encore, ne pas se couper trop brutalement des habitués du jeu) il aurait peut-être été judicieux ne faire que cinq numéros de compétition entre des anonymes et de réserver deux épisodes à des équipes de célébrités. Si la production souhaitait absolument tourner 7 émissions basées sur la compétition afin de rester à chaque fois dans la continuité de la semaine précédente, alors peut-être aurait-il fallu intégrer une grande célébrité à la tête de chacune des équipes en compétition. Cette alternative aurait dès lors rendu possible le maintien des associations, qui faisaient de Fort Boyard une émission unique au service d’enfants malades ou désœuvrés, ce qui n’est pas si fréquent que cela à la télévision, sans compter que cela faisait partie de l’histoire du jeu depuis… 1993 !

Le quatrième sondage concernait l’animation. La production a indiqué à de nombreuses reprises que le rôle de l’animatrice ne se justifiait plus. Raison vraiment artistique ou budgétaire ? On ne le sera sûrement jamais. Toujours est-il que le public n’a pas vraiment apprécié ce choix. À la fois présent à l’écran et en voix off, il est possible que le public ait été un peu lassé par l’omniprésence d’Olivier. Là encore, au même titre que les associations, le duo d’animateurs était un symbole de l’émission depuis sa création. Le jeu a toujours fonctionné en binôme et la présence féminine de l’animatrice a toujours été très appréciée. Cette décision avait de toute façon été tout de suite critiquée par la très grande majorité des fans de l’émission, y compris par les fans d’Olivier ! Pourquoi avoir cassé l’un des meilleurs duos de toute l’histoire du jeu ? Anne-Gaëlle Riccio, depuis son arrivée en 2006, avait réussi l’exploit de créer un consensus chez les fidèles. Tous trouvaient ses interventions pertinentes et sa présence agréable, ce qui, par le passé, n’avait pas toujours été le cas avec les anciennes animatrices. Une fois de plus, des solutions auraient pu être trouvées. Pourquoi ne pas avoir donné une équipe à Anne-Gaëlle et l’autre à Olivier ? Il aurait pu être intéressant de reprendre une tradition d’Intervilles, où chacun des animateurs défendait une équipe. Des alternatives étaient là aussi possibles.

Le cinquième sondage a été le plus écrasant de tous. 88 % des internautes ont voté pour un recentrage sur les personnages du Fort, portés disparus cette saison. Avec seulement six personnages, cette saison bat un triste record, celui du plus faible nombre de personnages depuis la création du jeu. Habillés de noir, presque invisibles pour certains (comme Félindra et La Boule) ou sous-exploités (une seule apparition pour le Magicien cette saison !), les personnages ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. En voulant en finir définitivement avec le côté divertissement du jeu, la production a clairement opéré un choix perdu d’avance. Depuis 2005-2006, Fort Bavard et ses fidèles mettent en garde la production sur l’absence de saynètes, de nouveaux personnages (pourquoi ne pas avoir gardé, M. Tchan, un personnage apprécié de tous ?). C’est ce qui a toujours fait le succès de ce jeu ! Les enfants, comme les grands, adorent les personnages, les histoires, la magie, la féérie… Cela donnait au Fort une ambiance particulière, digne d’un film ou d’un conte. Cela faisait rêver. Priver les téléspectateurs de ce spectacle pour le recentrer sur la compétition a été un échec cuisant, qui aurait pu être largement évité ou minimisé. Si l’émission revient, il sera impératif de travailler ce point en réintroduisant au moins quatre personnages, dont des femmes, et des costumes dignes de ce nom. Depuis 2002, la saison ne propose plus aucun fil conducteur entre les personnages et les animateurs, il est indispensable de revenir aux fondamentaux de ce point de vue là. Quant à la compétition, elle n’a jamais été souhaitée par les téléspectateurs. Beaucoup d’internautes nous ont écrit pour nous dire qu’ils regrettaient que Fort Boyard propose encore une complétion pour de l’argent alors que ce qui faisait sa force était de permettre à des candidats de lutter contre la forteresse, de dépasser leurs peurs, et ceci pour le « bien commun ». Clairement, la compétition n’a pour beaucoup pas sa raison d’être dans un jeu où le Fort devrait suffire à lui seul à faire le spectacle avec ses habitants.

Le sixième et dernier sondage proposait clairement aux internautes de trancher entre la version de 2010 et la version classique des saisons précédentes (1991-2009). Les résultats de cet ultime sondage confirment, s’il en eût été encore besoin, ceux des précédents et dépassent même la moyenne des six sondages réalisés. 80 % des votants préféraient la version traditionnelle du jeu (1991-2009) tandis que 20 % des internautes ont apprécié la version actuelle.

Mais outre ces sondages, d’autres éléments ont été vivement critiqués cette année.

Par exemple, la notion de temps a complètement disparu et de nombreux téléspectateurs n’ont pas compris que les chronomètres, véritables symboles du jeu là encore depuis 1990, n’aient plus cours. C’est pour la majorité l’un des grands points faibles de cette nouvelle formule. Beaucoup considèrent que la contrainte du temps a toujours été l’une des spécificités du jeu et que cela renforçait le suspense, tout en permettant au téléspectateur de mieux se repérer. La clepsydre elle-même n’a plus la même place cette année puisqu’elle ne sert plus à rien dans une épreuve individuelle sur deux (voire plus). En effet, l’équipe qui perd le duel doit impérativement sortir avec la clé sinon l’épreuve est perdue et le candidat fait prisonnier même s’il quitte la cellule avant la fin de clepsydre (ce qui est un peu aberrant, car la tradition à Fort Boyard a toujours été de bien jauger le temps restant, afin de sortir avant la fin de la clepsydre. La clepsydre rouge, qui rendait aussi l’objet un peu inutile, n’avait d’ailleurs pas fait long feu sur le Fort en 2003). Cette règle a un peu fait perdre de sa valeur au fameux « Sors ! Sors ! » des saisons précédentes. Quant aux duels, ceux-ci ne disposaient même pas d’un temps limité. Or, lors de l’émission du 24 juillet, on a pu voir qu’une clepsydre aurait pourtant été bien utile dans l’épreuve de la « Double échelle ».

Autre point considéré unanimement comme négatif : les magnétos et autres réactions des candidats. Pour beaucoup, trop c’est trop ! On a pu voir pour certains jeux des réactions avant, pendant et après l’épreuve. Les internautes ne semblent pas apprécier que l’action soit ainsi coupée et surtout que les réactions des candidats dévoilent l’issue du jeu alors que l’épreuve n’est même pas terminée ! Enfin, certains dénoncent l’inutilité des interviews, qui se contentent de faire répéter aux candidats ce qui vient d’être vu il y a deux secondes à l’écran. En outre, beaucoup regrettent de ne plus pouvoir suivre l’intégralité d’une épreuve sans interruption.

Les internautes n’ont pas non plus oublié de pointer du doigt l’instabilité des règles voire leur aberrance. Chez le Père Fouras par exemple, selon les émissions, les candidats avaient droit à plusieurs chances pour trouver l’énigme. L’épreuve de la Varappe c’est elle aussi dotée d’un complément de règle non signalé avant que le duel ne soit joué (les candidats, s’ils chutent, doivent repartir du début). De plus, certains duels ont été subitement modifiés (comme le duel des Étriers, où la cartouche-indice était en début de saison enfermée dans le coffre habituel, alors qu’elle s’est retrouvée enfermée dans l’ogive en fin de saison…). Mais on pourrait multiplier encore les exemples en évoquant le Relais arbalète, dont on laissait espérer qu’il allait être joué alors que l’écart entre deux équipes était pourtant de trois clés ou encore le tirage au sort avec le boyard pour certaines épreuves alors que cela ne servait clairement à rien (on peut penser au tirage avant l’épreuve de la varappe le 14 août dernier). Bref, ces règles mouvantes ont pu donner l’impression aux téléspectateurs que le jeu n’était pas très bien rodé.

Le Conseil, rebaptisé Salle des Maîtres, est aussi l’un des points noirs de cette saison. Pour la majorité de nos internautes, le Conseil a perdu complètement son esprit solennel. Ils ont largement critiqué le fait que tous les candidats entrent cette année dans la Salle, qu’ils crient et, qu’en plus, le Conseil devienne le lieu où l’on trouve les prisons. Par ailleurs, il serait peut-être également temps que la Salle du Conseil trouve une configuration stable. Depuis 2003, la Salle du Conseil a changé tous les ans, cela commence à faire beaucoup. Quant aux Maîtres des Ténèbres, leur rôle n’a jamais été de s’occuper des prisons et des prisonniers, c’est celui de La Boule.

Quant à certains symboles ou moments forts du jeu, ils sont plus que souvent regrettés. L’absence des têtes de tigre pour les sacrifices, du damier, du gong… a été très mal acceptée. Quant à la séquence finale dans laquelle Félindra tournait la tête de tigre pour libérer le Trésor, son nouveau positionnement dans le jeu n’a pas été apprécié. Il en est de même pour la pesée en kilogramme, qui n’a pas vraiment remporté les suffrages. Certains auraient préféré qu’une seule équipe puisse entrer dans la Salle du Trésor et qu’ensuite une pesée en boyards soit réalisée pour déterminer combien l’équipe gagnante aurait gagné.

Enfin, les fidèles demandent la diminution drastique, voire la suppression, du système des cadenas. Plusieurs équipes auraient dû remporter des épreuves, mais ont échoué à cause d’une mauvaise manipulation du cadenas ou d’un manque de rapidité. Pour beaucoup, la clé ou la cartouche devrait dans 80 % des cas pouvoir être récupérée immédiatement. Dans le cas contraire, beaucoup dénoncent le fait qu’il ne sert finalement à rien de se donner à fond dans les épreuves si c’est pour perdre à cause d’un code.

Il resterait sans doute encore quelques détails à soulever, mais l’essentiel des critiques unanimes ou largement majoritaires vient d’être soulevé.

Toutefois, Fort Bavard tient, pour rééquilibrer un peu la balance, à mettre en évidence quelques points positifs. Parmi eux, on trouve notamment la motivation des candidats et donc la réussite du casting, les belles performances que ces derniers nous ont offertes tout au long de la saison, la réalisation soignée des émissions avec de belles prises de vue du Fort et de ses environs, l’absence de temps morts et de parties inutiles (qui étaient légion en 2006-2009), le retour d’anciennes épreuves très appréciées, la bonne diversification des épreuves (malgré quelques redites qui auraient pu être évitées et la non-présence de certaines épreuves, dont celle des Souris, qui n’est pas vraiment compréhensible)… Tant de points qu’il sera intéressant de maintenir et même d’intensifier si l’avenir le permet.

En conclusion, on l’aura compris, cette formule 2010 n’a pas su convaincre les téléspectateurs et les internautes. Minée par une compétition trop omniprésente, Fort Boyard a perdu son ambiance d’autrefois, qui faisait pourtant sa force. Après une saison 2009 en demi-teinte et une saison 2010 mise en échec, le seul salut possible pour l’émission semble de revenir aux véritables fondamentaux du jeu traditionnel et d’en finir avec le format duel proposé cette année. Beaucoup préconisent désormais de rétablir un format de jeu simple, mais efficace : une partie épreuves pour récupérer les 7 clés, une partie Conseil pour gagner du temps supplémentaire pour la collecte des boyards, une partie aventures pour collecter des indices permettant de déduire le mot code (indices qui pourraient être ouverts pendant la partie et non pas seulement à la fin) et, enfin, une partie Salle du Trésor. Le tout, bien sûr, présenté par un duo mixte d’animateurs, avec une équipe composée d’une célébrité (coach) et de cinq anonymes jouant pour association. En plus de ses ingrédients, les personnages devraient être présents tout au long de l’émission et interagir entre eux et avec les animateurs.

Finalement, après deux saisons décevantes, la solution est peut-être à portée de main. Mais France 2 autorisera-t-elle un ultime essai ? Réponse prochainement.


Laisser un commentaire




FortBoyard.net est un site propulsé par SPIP.
Statistiques : et Google Analytics